Offrir une bonne expérience à ses lecteurs : 3 conseils

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Quand on lit, on ne veut pas avoir l’impression de travailler (sauf si on bêta-lit !) Alors quand vous écrivez, il faut vous assurer de rendre la lecture facile et agréable pour votre lecteur.

Les efforts de lecture, quand il y en a, ne doivent pas être gratuits. Alors dans cet article, je vous donne trois pistes de travail pour offrir une bonne expérience de lecture avec les romans que vous écrivez.

bonne expérience de lecture

1. Le bon équilibre dans les informations fournies

Dans le mot « équilibre », il y a l’idée de « ni trop, ni trop peu ». Et c’est exactement à ça que je pense.

Si vous ne donnez pas assez d’informations au lecteur sur le contexte de la scène, cela peut être frustrant. Bien sûr, ça peut être un procédé pour piquer sa curiosité, en particulier à des moments-clés (début, révélation, retournement de situation). Mais trop utilisé, l’effort demandé (ou même la confiance qu’il a en vous) peut ne plus valoir la peine à ses yeux.

Je le dis souvent, votre lecteur peut partir à tout moment, il ne vous doit pas son attention. Alors si votre lecteur doit relire une phrase plusieurs fois parce qu’il a l’impression qu’elle sort de nulle part ou doit remonter dans sa lecture car il a l’impression d’avoir raté des informations, ce n’est pas une bonne expérience de lecture.

>> Assurez-vous de lui donner tous les éléments dont il a besoin pour comprendre la scène que vous mettez devant ses yeux. Prenez-le par la main, invitez-le à entrer dans votre histoire.

L’effet inverse peut aussi créer une expérience de lecture désagréable. Si vous noyez votre lecteur sous les informations et surtout si vous ne donnez qu’une seule fois une information capitale, alors l’effort demandé est trop grand. Il n’est pas là pour mémoriser une leçon ! C’est souvent le cas au début des romans de Fantasy, et même si on est prêt à fournir l’effort au début pour comprendre le monde, le risque de perdre le lecteur est important.

>> Assurez-vous que les informations contribuent à l’histoire (développement des personnages, de l’univers ou de l’intrigue) et qu’elles soient données au bon moment. Quant aux informations essentielles, vous pouvez les donner sous plusieurs formes (dialogues, description, monologue intérieur, etc…) : « En ce 23 janvier 2045, il faisait 30 degrés. » et plus tard « C’est bon, je peux mettre la climatisation, maintenant, Madame l’écolo ? Ou trente degrés dehors, ce n’est pas encore assez chaud pour toi ? dit-il en me lançant un regard plein de défi ».

2. Faire vivre la scène plutôt que l’expliquer

On lit un roman pour oublier le monde extérieur et entrer dans un nouveau monde. On ne recherche pas l’expérience de lecture d’un rapport factuel et professionnel. Avec ce dernier, on comprend des informations intellectuellement et on les absorbe comme des données. Par exemple, « 23% des familles françaises sont monoparentales et elles sont statistiquement plus pauvres que les autres. » L’imagination n’est pas activée.

Avec un roman, on doit voir des images, sentir des odeurs, entendre des sons, ressentir des émotions. Les mots choisis par l’auteur doivent être immersifs et permettre au lecteur d’avoir l’impression de plonger dans l’histoire. Si le lecteur reste à l’extérieur en comprenant mentalement que, oui, ce personnage a une vie difficile ou alors, en effet, cette maman est pauvre, alors l’expérience de lecture fournie n’est pas à la hauteur.

Pour cela, le fameux show, don’t tell est excellent.

>> Assurez-vous de bien faire la différence (et le bon choix) entre une scène et un résumé narratif. Dans une scène, vous parlez des gargouillements des ventres des enfants qui ont faim à la fin du mois, des muscles endoloris qui se relaxent enfin en touchant le matelas tard le soir après une énième soirée à faire le ménage dans les bureaux, de l’odeur de javel qui ne quitte jamais ses mains irritées.

Dans un résumé narratif, vous faites le pont entre deux scènes en donnant les informations qui ne méritent pas une scène immersive. « Deux ans plus tard, elle a enfin obtenu le travail d’assistante administrative dont elle rêvait. Elle a dû pour cela passer par trois étapes (…) et aujourd’hui, c’est son premier jour. »

3. Choisir consciemment la distance entre le personnage et le lecteur

En tant que lecteur, on cherche en général une connexion forte avec le personnage principal (ou les personnages principaux). Un élément qui joue beaucoup sur l’expérience de lecture est la distance mise entre le lecteur et le personnage. Et c’est l’auteur qui la choisit, en fonction de l’histoire qu’il raconte !

D’abord, le narrateur choisi joue beaucoup. Par exemple, est-ce un narrateur incarné (moqueur ou bienveillant par exemple) qui regarde les personnages et commente leurs actions en s’adressant au lecteur ? Est-ce un narrateur neutre ? Est-ce un personnage de l’histoire qui raconte l’histoire à la première personne ?

Ensuite, le point de vue narratif choisi définit également la distance entre le lecteur et le personnage. On peut être dans sa tête en lisant ou alors, au contraire, ne pas avoir accès à son monde intérieur. On aura alors l’impression, respectivement, d’être lui ou bien de le regarder de loin.

Enfin, votre choix dans l’utilisation des outils narratifs aura un impact sur cette distance. En effet, si vous utilisez beaucoup de monologues intérieurs, la distance sera petite, alors que si vous utilisez beaucoup d’actions et de descriptions, elle augmentera. Ainsi, même si l’on a accès aux pensées et aux émotions du personnage en principe, on aura moins l’impression de ne faire qu’un avec le personnage si le récit ne se focalise pas dessus.

>> Assurez-vous de faire un choix conscient pour cette distance lecteur-personnage. En effet, il n’est pas nécessaire de se sentir proche (ou même à l’intérieur de la tête) d’un personnage pour vivre une bonne expérience de lecture. Cela dépend surtout du genre que l’on écrit et des attentes des lecteurs de ce genre. Mais c’est en tout cas un élément important à considérer pour créer une bonne expérience de lecture.