Une approche poussée du genre de votre roman

Cet article est la suite (un peu tardive) de Genre de votre roman : pourquoi c’est une donnée essentielle.

Le genre d’un roman est en effet une donnée essentielle, mais, au fil de mes échanges avec mes clients de bêta-lecture, je remarque que cela peut être un élément bloquant.

Dans cet article, je m’intéresse à une approche un peu plus poussée de la notion de genre dans l’écriture de fiction : celle issue du livre The Story Grid, de Shawn Coyne, que je trouve particulièrement intéressante.

1. Genre d’un roman : les limites

En littérature, les genres littéraires sont des catégories précises pour classer les œuvres.

Du point de vue de l’auteur, le genre est un ensemble de conventions qui va lui permettre de vendre son livre. Mais justement, comme souligné dans le guide des genres et des sous-genres de l’Imaginaire d’Apophis, la limite est souvent floue entre genre littéraire au sens propre du terme et catégorie marketing, voire hashtag sur les réseaux sociaux, à but uniquement de référencement et visibilité.

On peut noter également que le genre ne définit pas forcément toute l’histoire et qu’il faut souvent arriver à des sous-genres de niche pour trouver exactement son type d’histoire. Par exemple, si vous dites que vous écrivez de la science-fiction, cela nous donne un indice sur l’univers narratif de votre roman, mais pas sur son type d’intrigue. Est-ce une romance, une enquête policière ou un drame familial ?

La définition que je préfère pour le genre d’un roman c’est « une expérience émotionnelle promise au lecteur ». Je trouve qu’elle résume bien ce qu’est le genre et à quoi il sert.

2. Le genre d’un roman selon Shawn Coyne, auteur de The Story Grid

Au-delà de la classification littéraire, il y a plusieurs approches et définitions du genre d’un roman et j’ai choisi de vous présenter de manière synthétique celle de Shawn Coyne, développée dans son livre The Story Grid.

En effet, en découvrant cette approche, je me suis dit qu’elle pourrait aider les apprentis-auteurs bloqués par la notion de genre, ou ceux qui ont l’impression que cela les enferme et les contraint.

Il y explique qu’un lecteur attend du genre d’un livre cinq informations :

1 – combien de temps va durer l’histoire (nouvelle, roman, trilogie, saga,…)

2 – à quel point on va devoir suspendre son incrédulité et accepter de croire le monde de l’auteur (réalisme, imaginaire, absurde, etc…)

3 – le style, l’expérience particulière proposée par le livre (drame, comédie, littéraire, théâtre, épistolaire, etc…)

4 – comment l’histoire va être structurée (arc d’intrigue classique, anti-intrigue, ou mini-intrigue) (là, ça devient technique et je ne développerai pas ici. La première est la plus courante. Les références sont en bas de l’article.)

5 – le contenu général de l’histoire : c’est souvent ce qu’on veut dire quand on parle du genre de manière générale (action, horreur, crime, suspense, amour, société, etc…)

L’exercice consiste donc à se poser ces cinq questions pour définir son livre ou décider du roman que l’on veut écrire.

Par exemple :

👉 une saga réaliste d’enquêtes policières dramatiques

👉 un roman de société littéraire absurde

👉 une nouvelle d’action fantastique comique

Pour chaque élément de genre, Shawn Coyne explique que les lecteurs ont des attentes précises, sous forme de conventions et de scènes-clés.

Par exemple, pour un roman policier, les conventions qu’un lecteur attend sont un cadavre, un détective qui va résoudre le crime, différents personnages typiques du genre, comme un collègue du détective ou un suspect principal, et des fausses pistes.

Pour les scènes-clés, un lecteur s’attend à une scène de découverte du cadavre, à une confrontation entre le détective et le coupable et à une fin qui montre clairement si la justice a été rendue ou pas et ce que ça a couté au personnage principal.

Dans cette approche, le travail de l’auteur est de maîtriser ces éléments et d’innover dans ce périmètre pour offrir au lecteur l’expérience émotionnelle promise tout en le surprenant avec ses propres ingrédients.

En conclusion,

Le genre d’un roman peut être plus qu’une catégorie obligatoire et un peu marketing. Il peut être vu comme une promesse précise faite au lecteur, que vous, en tant que romancier vous engagez à tenir. Cette promesse nécessite d’en maîtriser les codes, pour les respecter ou les subvertir, et idéalement apporter votre pierre à l’édifice de ce genre en particulier.

Sources et références

The Story Grid, What Good Editors Know, Shawn Coyne.

Toute la section « GENRE » de son blog, dont les articles détaillent les conventions et scènes-clés pour chaque genre.